La censure

Le service de la censure fut organisé dés le 30 juillet 1914, 3 jours avant la mobilisation générale. Il reçut ses diréctives définitives le 3 août, par une note du ministre de la guerre Messimy, indiquant que désormais interdiction était faite aux jounaux de publier aucune nouvelle de guerre qui n'aurait pas été communiquée ou visée par le "bureau de presse" du ministére.

La censure fut créée,en principe pour surveiller les informations militaires et diplomatiques.

Le gouvernement voulait éviter que des journaux par désir de lancer des informations sensationelles ne publissaient des renseignements succeptibles de donner à l'ennemi des informations importantes.

En fait la censure devient de plus en plus un moyen d'orienter l'opinion et de supprimer toutes critiques. La presse fut soumise à la censure pour lutter contre le défaitisme. Le gouvernement exigea le silence complet sur les hécatombes de la bataille des frontiéres. Les consignes diplomatiques étaient également trés sévéres et parfois curieuses. Aprés l'entrée en guerre de la Turquie, les journaux devaient éviter les plaisanteries contre les turcs-musulmans qui faisaient le plus déplorables effet sur l'opinion en Algérie et au Maroc; de même étaient échoppés les articles trop élogieux pour les troupes africaines qui pouvaient faire croire aux indigénes que les troupes coloniales étaient placés en principe dans les positions les plus exposées.

La censure interdit de parler de paix. Elle ne voit pas d'inconvénient à réclamer l'Alsace-Lorraine qui fait partie des buts de guerre avoués mais aussi toute la rive gauche du Rhin, avec enclave sur la rive droite, avec Francfort et finalement le dépécement de l'Allemagne. Cet article a été rependu à des millions d'exemplaires pour prouver la volonté française de détruire l'Allemagne et légitimer aux yeux du peuple allemand la continuation de la guerre défensive.

Une autre trés importante consigne de la censure fut d'interdire de montrer la guerre dans son horreur.

La presse d'opinion essaie de résister à certains ordres en faisant des allusions.

Les premières manifestations de la censure provoquèrent de véhémentes protestations. Néanmoins, de 1914 au printemps 1915, l'unanimité patriotique, malgré ces protestations, fait accepter la censure, puis la contestation des journalistes et des parlementaires s'amplifie, au point qu'un débat parlementaire, en janvier 1917, remet en cause l'existence même de la censure. En réalité, la censure, moyen de guerre indispensable dans un conflit moderne, est devenu en plus, pour les gouvernements, une méthode de gouvernement, une "facilité" de gouvernement. Bien qu'adversaire convaincu de la censure "politique" pendant prés de trois ans, Clemenceau ne la supprima pas, quand il devint président du Conseil, mais il l'allégea. Le gouvernement Clemenceau n'abrogea officiellement la censure qu'au moment de la suspension de l'état de siège dont elle était un prolongement seulement le 12 octobre 1919.

La censure est suppléée par la propagande qui méne au bourrage de crâne.

(Sources: "La première guerre mondiale" de Jean-Jacques Becker, édition Belin 2003, page 163,164."la grande guerre 1914-1918" par Jean Galtier-Boissière, édition 1966)

 

Page 1

Retour acceuil